HAY (Hayes, Hays), JEHU (John), officier, fonctionnaire au département des Affaires indiennes, lieutenant-gouverneur de Détroit, né vraisemblablement à Chester, Pennsylvanie ; il épousa Julie-Marie Réaume à Détroit en 1764 et ils eurent une nombreuse famille ; décédé à Détroit le 2 août 1785.

Jehu Hay acheta un poste d’enseigne dans les Royal Americans et sa commission lui fut officiellement octroyée le 2 avril 1758. En 1760, il était sous-ingénieur au fort Niagara (près de Youngstown, New York), puis aide-major à compter du début d’août 1761. Promu lieutenant le 27 avril 1762, il était envoyé peu après à Détroit avec Henry Gladwin. Hay joua un rôle actif dans la défense du fort contre le siège de Pondiac* en 1763 ; son journal constitue une source majeure de renseignements touchant cet événement. Le licenciement d’une grande partie de son régiment, la même année, ne fut pas sans lui causer de l’appréhension pour l’avenir, d’autant plus qu’à la même époque, son père, prodigue, mourut en lui laissant un frère et une sœur à charge. La recommandation de Gladwin lui valut d’être nommé major du fort en août 1764, mais on le plaçait en demi-solde plus tard au cours de l’automne.

En février 1765, Hay sollicita auprès de sir William Johnson un emploi au département des Affaires des Indiens du Nord ; au milieu de 1766, il était nommé commissaire de ce département à Détroit, au traitement annuel de £200. En cette qualité, il surveillait le commerce avec les Indiens, assistait aux conférences et recueillait des renseignements sur les affaires indiennes. Il connut ses premières difficultés avec la communauté commerçante de Détroit à cette époque parce qu’il se vit dans l’obligation de faire respecter des restrictions impopulaires imposées sur la traite avec les Indiens [V. sir William Johnson]. On alléguait que la façon dont Hay gérait les fonds publics ne saurait résister à un examen sérieux ; Hay, pour sa part, avait le sentiment que les vérifications auxquelles se livraient ses supérieurs hiérarchiques étaient par trop rigoureuses.

Par suite de la décision du gouvernement britannique, en 1768, de remettre aux colonies la responsabilité des affaires indiennes, les fonds accordés au département subirent des coupures et les commissaires furent congédiés le 25 mars 1769. Hay n’occupa pas d’autres fonctions au sein du département avant le début de 1774, époque à laquelle il devint agent des Indiens à Détroit. Gage lui confia alors la mission de visiter la vallée de l’Ohio et de faire rapport sur la situation de plus en plus chaotique qui y régnait. Hay partit en juillet, mais dut rebrousser chemin en raison de l’hostilité que manifestèrent les Chaouanons, alors en guerre contre la Virginie.

En 1775, Détroit accueillait un lieutenant-gouverneur en la personne de Henry Hamilton. Celui-ci et Hay se lièrent étroitement et en 1778 on retrouve Hay occupant les fonctions d’agent des Affaires indiennes, d’ingénieur suppléant, de maître de caserne et de major de milice à la tête de six compagnies locales. Il joua un rôle marquant lors de l’expédition que Hamilton mena contre Vincennes (Indiana) à l’automne de 1778. Il vit aux préparatifs, glana des renseignements, conféra avec les Indiens et dirigea les éléments d’avant-garde qui réussirent l’approche du fort. Durant l’hiver, il aida à la reconstruction du fort et à son approvisionnement. Lorsque George Rogers Clark attaqua Vincennes, en février 1779, Hay prit part aux pourparlers qui précédèrent la capitulation. Clark croyait que Hamilton et Hay étaient à l’origine des attaques indiennes contre les établissements des colons du Kentucky et de la vallée de l’Ohio et il parla de les exécuter comme meurtriers. Le gouverneur de la Virginie, Thomas Jefferson, partageait son hostilité à leur égard et il retarda leur élargissement aussi longtemps qu’il le put. Ils furent libérés sur parole le 10 octobre 1780 et partirent pour New York d’où ils s’embarquèrent pour l’Angleterre le 27 mai 1781.

Le 23 avril 1782, Hay était nommé lieutenant-gouverneur de Détroit en reconnaissance de ses services ; il arriva à Québec vers la fin de juin. Il ne tarda pas à se heurter au gouverneur Haldimand qui ne voulait pas changer le commandement de Détroit à un stade des campagnes de l’Ouest qu’il jugeait critique. Il lui répugnait de déplacer le commandant en poste, le major Arent Schuyler De Peyster, et de l’offenser en lui imposant de servir sous les ordres d’un ex-lieutenant. À la fin d’octobre 1783, il en était arrivé à la décision d’affecter De Peyster au fort Niagara et d’envoyer Hay à Détroit. Néanmoins, il irrita Hay en confiant les affaires indiennes à Alexander McKee.

Hay arriva à Détroit le 12 juillet 1784 et en peu de temps il se trouva en conflit non seulement avec Haldimand, mais aussi avec la population de l’endroit ; le mécontentement résultait de l’application rigoureuse des contrôles impopulaires imposés par la Grande-Bretagne sur le transport maritime des Grands Lacs, des dépenses à Détroit, de l’éviction des non-résidents et du transfert à Québec des archives locales. Il se retrouvait encore une fois entre deux feux, impuissant à satisfaire quiconque. Il répara les fortifications et les casernes de Détroit et travailla en bonne intelligence avec McKee, un camarade de longue date, à recueillir des renseignements chez les Indiens et à établir de bonnes relations diplomatiques avec les tribus. Sa santé, toutefois, était chancelante et il mourut le 2 août 1785.

Peter E. Russell

Clements Library, Jehu Hay, diary.— [Henry Bouquet], The papers of ColHenry Bouquet, S. K. Stevens et al., édit. (19 vol., Harrisburg, Pa., 1940–1943).— The capture of old Vincennes : the original narratives of George Rogers Clark and of his opponent, Gov. Henry Hamilton, M. M. uaife, édit. (Indianapolis, Ind., 1927).— G.-B., Hist. mss Commission, Report on the manuscripts of Mrs. Stopford-Sackville [...] (2 vol., Londres, 19041910), II : 225248.— Johnson papers (Sullivan et al.).— Michigan Pioneer Coll., IX (1886) ; X (1886) ; XI (1887) ; XIX (1891) ; XX (1892).— The siege of Detroit in 1763 : the journal of Pontiac’s conspiracy, and John Rutherfurd’s narrative of a captivity, M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1958). M. M. Quaife, Detroit biographies : Jehu Hay ([Détroit], 1929), 116. N. V. Russell, The British régime in Michigan and the old northwest, 1760–1796 (Northfield, Minn., 1939).

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Peter E. Russell, « HAY (Hayes, Hays), JEHU (John) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hay_jehu_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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