Au courant du xixe siècle, plusieurs Canadiens prirent conscience des souffrances que le capitalisme industriel, alors en pleine émergence, infligeait aux ouvriers et reconnurent la nécessité de coordonner et d’unifier l’action des masses en vue d’abolir l’exploitation violente des travailleurs. Afin de faire contrepoids à la puissance patronale, les travailleurs se regroupèrent dans des syndicats, déclenchèrent des vagues de grèves et s’affilièrent à des organisations comme les Patrons of Industry ou les Chevaliers du travail ; elles devinrent le fer de lance d’un remarquable mouvement social qui placerait les travailleurs du centre du Canada à l’avant-scène du débat politique national. Beaucoup de travailleurs canadiens en vinrent à éprouver du mécontentement à l’égard des partis traditionnels, parce que ceux-ci négligeaient les préoccupations de la classe ouvrière ; ils se réunirent annuellement au Congrès des métiers et du travail du Canada, où on votait des propositions soumises par la suite aux gouvernements fédéral et provinciaux afin d’améliorer la condition ouvrière, et fondèrent des partis politiques comme le Parti ouvrier indépendant.