MINAHIKOSIS (Petit Pin ; connu en anglais sous le nom de Little Pine), chef d’une bande de Cris des Plaines, né vers 1830, probablement aux environs du fort Pitt (Fort Pitt, Saskatchewan), décédé en avril 1885 à la réserve de Poundmaker (Saskatchewan).

Fils d’une Pied-Noir et d’un guerrier cri des Plaines, Petit Pin passa la plus grande partie de sa vie près du fort Pitt et de Battleford (Saskatchewan). Dans les années 1860, il se fit une réputation de guerrier lors de l’invasion par les Cris des Plaines du territoire des Pieds-Noirs où se trouvaient les derniers habitats de bisons. Il joua un rôle de premier plan dans la lutte que menèrent les Cris en vue de ravir aux Pieds-Noirs la maîtrise des monts Cypress et il fut l’un des chefs qui participèrent en octobre 1870 à la bataille de la rivière Belly (près de Lethbridge, Alberta) où les Pieds-Noirs entravaient la progression des Cris. À la fin de la décennie, Petit Pin dirigeait sa propre bande qui comptait environ 300 membres.

Résolu à continuer de vivre de la chasse du bison et à préserver la culture fondée sur cette activité, Petit Pin refusa, tout comme d’autres chefs cris du district de la rivière Saskatchewan, de signer un traité avec le gouvernement canadien en 1876. Il continua de s’opposer au traité no 6 en 1877 et 1878. Petit Pin et Gros Ours [Mistahimaskwa], qui refusait lui aussi de signer, estimaient que le traité était insuffisant en ce qu’il n’offrait aucune garantie contre l’imposition d’une culture étrangère. Ils s’inquiétaient en particulier de l’application des lois des Blancs, préoccupation que l’arrivée récente de la Police à cheval du Nord-Ouest avait avivée. Petit Pin n’accepta de signer le traité que le 2 juillet 1879 ; il prit alors cette décision dans le seul but d’obtenir de l’aide pour les siens qui faisaient face à la famine en raison de la disparition des bisons de leurs habitats au Canada.

Bien qu’il eût consenti à signer, Petit Pin, voulant continuer de chasser, se déplaça vers la région des monts Cypress afin de se rapprocher des derniers habitats de bisons aux États-Unis. De 1879 à 1883, il noua des relations amicales avec les ennemis traditionnels des Cris, les Pieds-Noirs, et notamment avec leur chef, Pied de Corbeau [Isapo-muxika], qui s’était rendu lui aussi dans les monts Cypress à la recherche des bisons. De concert avec d’autres chefs des Plaines mécontents des traités, Petit Pin entreprit des démarches en vue de créer une immense réserve pour tous les Indiens des Plaines. Les chefs demandèrent au gouvernement canadien d’établir des réserves adjacentes pour les diverses tribus des Plaines et de constituer ainsi un territoire indien d’une superficie de presque 1 000 milles carrés. Le gouvernement rejeta cette demande, accusant Petit Pin de chercher à former une ligue indienne, et, dans le but de dissoudre le rassemblement des Indiens dans les monts Cypress, il exigea que les bandes se dispersent et regagnent les districts où elles vivaient avant la signature du traité. Comme elles souffraient toutes de la faim, le gouvernement put, en refusant de les aider, les contraindre à quitter les lieux.

En 1883, Petit Pin déménagea avec sa bande dans la région de Battleford et dressa son campement à côté de la réserve du chef Poundmaker [Pītikwahanapiwīyin]. En collaboration avec ce dernier, il organisa un conseil des chefs cris de la région de Battleford et du fort Pitt, qui devait avoir lieu près de Battleford en 1884, afin de discuter le projet d’une grande réserve pour tous les Cris des Plaines. Dans l’intervalle, le gouvernement exerça des pressions sur Petit Pin dans le but d’obtenir la permission de faire l’arpentage d’une petite réserve pour sa bande, mais le chef refusa.

Au moment de la danse du soleil (danse de la soif) qui précédait la tenue du conseil à Battleford, un détachement d’agents de la Police à cheval du Nord-Ouest, sous le commandement de Lief Newry Fitzroy Crozier*, entra dans le campement en vue d’arrêter un Indien accusé de voies de fait sur un fonctionnaire du gouvernement. Les Indiens s’offensèrent de cette intrusion, ce qui donna lieu à une crise qui aurait pu entraîner l’anéantissement du détachement si Petit Pin et Gros Ours n’avaient pas réussi à empêcher une effusion de sang par leurs appels à la paix. Pour éviter qu’il n’y eût d’autres désordres, le conseil se sépara sans avoir débattu la question d’une grande réserve. Petit Pin et Gros Ours n’en persistèrent pas moins dans leurs tentatives en vue de créer un vaste territoire indien. À deux reprises entre juin et août 1884, ils demandèrent qu’on leur accordât des réserves contiguës à celles qui se trouvaient près de Battleford, mais ils essuyèrent un refus. Nullement découragés, ils poursuivirent leurs efforts. Lors d’un conseil réunissant les Cris des Plaines de la région de la rivière Saskatchewan à l’établissement du lac aux Canards (Duck Lake) en août 1884, on se prépara à tenir une assemblée de tous les Indiens de cette tribu durant l’été de 1885 [V. Kamīyistowesit]. De plus, Petit Pin invita les Pieds-Noirs à le rencontrer à la fin du printemps de 1885 pour tenter de les gagner à sa cause.

À la fin de 1884 et au début de 1885, Petit Pin dut réduire considérablement son activité à cause de troubles de la vue et de son mauvais état de santé. Les fonctionnaires du gouvernement continuaient toute-fois à recevoir des rapports suivant lesquels il était encore à la tête du mouvement d’agitation et aurait lancé un appel aux armes dans le cas où tous les autres moyens auraient échoué. En mars 1885, comme les membres de sa bande souffraient une nouvelle fois de la faim, Petit Pin les conduisit à Battleford où il voulait demander du secours. Trouvant le village désert, les Indiens en quête de nourriture se livrèrent au pillage en dépit des efforts que fit leur chef pour les en empêcher. Le 31 mars, Petit Pin retourna avec sa bande à la réserve de Poundmaker où il succomba à ses maux quelques jours plus tard. À la suite du décès de son chef, la bande demeura à cet endroit, puis participa à la bataille du mont Cut Knife en mai 1885 [V. Pītikwahanapiwīyin], et, dans l’ensemble, ses membres furent considérés comme rebelles.

La lutte menée par Petit Pin au nom de son peuple s’inscrivait dans la vague de mécontentement qui déferla sur les Prairies au cours des deux décennies précédant le soulèvement de 1885. Le chef indien cherchait à éviter le désastre auquel les siens étaient acculés en raison de la disparition du bison, et à préserver leur intégrité politique et culturelle menacée par des valeurs étrangères. Qu’il ait échoué dans ses efforts ne diminue nullement son importance.

John L. Tobias

APC, RG 10, B3, 3 576, file 309 ; 3 582, file 949 ; 3 604, file 2 589 ; 3 655, file 9 000 ; 3 668, file 10 644 ; 3 672, file 10 853 ; 3 697, file 15 423 ; 3 701, file 17 169 ; 3 703, file 17 728 ; 3 705, file 17 936 ; 3 745, file 29 506/4.— PAM, HBCA, B.60/a/34.— H. A. Dempsey, Crowfoot, chief of the Blackfeet (Edmonton, 1972).— W. B. Fraser, « Big Bear, Indian patriot », Historical essays on the prairie provinces, Donald Swainson, édit. (Toronto, 1970), 71–88.— Desmond Morton, The last war drum : the North West campaign of 1885 (Toronto, 1972).— F. G. Roe, The North American buffalo : a critical study of the species in its wild state (Toronto, 1951).— Stanley, Birth of western Canada.

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John L. Tobias, « MINAHIKOSIS (Petit Pin, Little Pine) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/minahikosis_11F.html.

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Titre de l'article:    MINAHIKOSIS (Petit Pin, Little Pine)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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