MERRILL, HORACE, entrepreneur, ingénieur, fonctionnaire et manufacturier, né le 10 mai 1809 à Enfield, New Hampshire, fils de Nathaniel Merrill et de Sarah Huse ; en 1842, il épousa Adaline Church, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 22 mai 1883 à Ottawa.
Horace Merrill commença son apprentissage comme ébéniste à l’âge de 14 ans. Plus tard, il se prétendit ingénieur civil mais il semble qu’il n’ait jamais reçu de formation en règle comme tel. Il arriva dans la vallée de l’Outaouais en 1826 et travailla comme mécanicien de scieries, d’abord pour George Hamilton*, à Hawkesbury, Haut-Canada, puis pour Levi Bigelow, à Buckingham, Bas-Canada. Au cours des années 1830, il devint entrepreneur, construisant probablement des « glissoires » et des estacades pour les industries de bois de sciage et de bois équarri de la vallée de l’Outaouais. En 1840, sa compétence d’ingénieur était suffisamment reconnue pour qu’il obtînt le contrat de construction, sur la rivière Gatineau, d’une grosse scierie équipée de 26 scies, pour Alonzo Wright*. En 1847, selon l’éminent ingénieur Thomas Coltrin Keefer*, Merrill avait « probablement construit plus de barrages, de glissoires et d’estacades sur l’Outaouais que n’importe quelle autre personne s’y trouvant [alors] ».
Vers 1846, Merrill entra au bureau des Travaux publics, qui devint plus tard le département des Travaux publics. Pendant les premières années, il surveilla les travaux d’aménagement de la rivière Madawaska et agit comme conseiller de la Madawaska River Improvement Company que des entrepreneurs forestiers de la région avaient mise sur pied pour faire des travaux sur les affluents de la rivière. Il semble avoir impressionné ses supérieurs au sein du département et en particulier Keefer. En janvier 1849, il fut nommé surintendant des travaux sur l’Outaouais, poste basé à Bytown (Ottawa), qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1875. À titre de surintendant, il était responsable de la construction, du fonctionnement et de l’entretien de tous les ouvrages sur l’Outaouais et ses affluents, ouvrages entrepris par le département pour la descente des trains de flottage et de billes de sciage ainsi que pour le transport de vivres en amont du cours d’eau jusqu’aux baraquements. Parmi ses réalisations, mentionnons le barrage de Carillon, terminé en 1858, qui permit d’améliorer la navigation sur les rapides du Long-Sault en élevant le niveau de l’eau. En 1870, on lui confia la responsabilité des glissoires, des estacades, des barrages, des ponts, des canaux, des quais et des bâtiments de 11 postes situés sur l’Outaouais, 15 sur la Madawaska, 31 sur la Petawawa, 11 sur la Dumoine, un sur la Gatineau, un sur la Coulonge et un sur la rivière Noire.
L’influence et l’intérêt de Merrill ne se limitèrent en aucun cas à la vallée de l’Outaouais. En qualité d’expert reconnu en aménagement des cours d’eau, au sein du département, on le consulta au sujet de la conception et de la construction des travaux visant à permettre aux entrepreneurs forestiers l’accès aux forêts vierges le long du Saguenay, du Saint-Maurice, de la Trent et de la French. En 1851, Merrill surveilla les travaux d’approfondissement du canal de Chambly, long de 12 milles, et, dix ans plus tard, il fit le levé hydrographique du canal Rideau, d’une longueur de 124 milles, en vue de trouver des emplacements convenables pour établir des scieries. Dans les années 1860, il conçut également les glissoires du Saint-Maurice à Shawinigan et à Grand-Mère, ainsi que celles du Saguenay. Tout au long de sa carrière de surintendant, Merrill mena sans relâche et habituellement « de la façon la plus énergique » une campagne pour inciter le gouvernement à entreprendre plus de travaux sur l’Outaouais et sur d’autres cours d’eau, de façon à favoriser l’essor de l’industrie forestière. Il y réussit très bien et acquit dès lors une grande popularité dans le milieu des entrepreneurs forestiers. Il fit également pression sur le département pour qu’il empêchât les propriétaires de scieries de jeter leurs déchets à la rivière, ce qui lui fit perdre un peu de sa popularité.
Homme d’une grande énergie, Merrill se lança dans d’autres domaines. Vers 1854, il surveilla la construction d’une grosse scierie pour John J. Harris et Henry Franklin Bronson, deux Américains qui avaient fait l’acquisition des sites de barrage que Merrill avait aménagés sur les îles avoisinant les petits rapides des Chaudières à Ottawa. Toutefois, ses fonderies à Ottawa constituaient ses entreprises commerciales les plus importantes. Avant 1864, Merrill et Joseph Merrill Currier, de New Edinburgh (maintenant partie d’Ottawa), achetèrent de la N. S. Blasdell and Company la Victoria Foundry, renommée dans tout le Canada pour ses belles haches. Il s’agissait d’une entreprise bien assise, employant en 1864 environ 20 personnes qui fabriquaient des machines à vapeur, des tours, des instruments aratoires, de l’outillage pour les scieries et les moulins à blé, des machines à raboter (pour lesquelles la compagnie avait reçu une médaille d’or du prince de Galles en 1861), ainsi que des articles plus petits, tels des haches et des clous. En 1880, la Victoria Foundry fournissait au département des Travaux publics presque tous les crampons utilisés pour les travaux de l’Outaouais, une situation sans doute plus que fortuite si l’on tient compte du travail de Merrill sur l’Outaouais jusqu’à sa retraite en 1875. En fait, la Victoria Foundry avait brassé tant d’affaires qu’en 1876 Merrill et Currier avaient acheté une deuxième fonderie sur l’île Victoria. Merrill avait également mis sur pied la Merrill and Company en vue d’exploiter une troisième fonderie ainsi qu’un atelier de construction et de réparation de machines aux chutes des Chaudières. Dans les années 1860, Merrill fit partie des conseils d’administration de l’Ottawa Consumers Gas Company et de l’Ottawa City Passenger Railway Company.
Merrill s’est surtout fait connaître par son activité d’ingénieur et d’homme d’affaires. Mais il occupa aussi un poste de maître de la Dalhousie Masonic Lodge et appartenait à l’Église presbytérienne. Après sa mort, survenue quelques jours après celle de sa femme, ses fils Horace B. et Milton W. prirent en main ses affaires.
APC, MG 28, III46, 1, no 13 ; RG 11, sér. ii, 11, 60, 65, 76, 269, 377–378 ; ser.
Sandra Gillis, « MERRILL, HORACE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/merrill_horace_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/merrill_horace_11F.html |
Auteur de l'article: | Sandra Gillis |
Titre de l'article: | MERRILL, HORACE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |