Titre original :  Bishop George Conroy. From: Parsons Album, W.J. Ryan Collection, Archives of the Archdiocese of Saint John's, Newfoundland.

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CONROY, GEORGE, prêtre, évêque catholique, délégué apostolique au Canada, né à Dundalk (comté de Louth, Irlande) le 31 décembre 1832, décédé à St John’s, Terre-Neuve, le 4 août 1878.

Issu d’une famille modeste du nord de l’Irlande, George Conroy fréquente l’école primaire de la ville primatiale d’Armagh, puis, à 17 ans, s’en va compléter ses études à Rome, au collège de la Propagande. Le 6 juin 1857, il est ordonné prêtre à l’église Saint-Jean-de-Latran par le cardinal Constantin Patrizi ; la même année, il retourne dans son pays natal et est nommé à All Hallow’s College, situé près de Dublin et fondé pour l’éducation des prêtres qui se destinent aux missions étrangères. Le cardinal Paul Cullen, de Dublin, qui l’avait connu au collège d’Armagh, le nomme son secrétaire particulier en 1866 ; le jeune abbé Conroy ajoute à cette tâche celle de professeur de théologie à Holy Cross College de Clonliff et celle de rédacteur en chef de la revue de théologie, Irish Ecclesiastical Record (Dublin). Après la mort de Mgr Cornelius MacCabe, Conroy est nommé aux sièges réunis d’Ardagh et de Clonmacnois, avec résidence à Longford, et il est sacré évêque, le 11 avril 1871, par le cardinal Cullen. C’est de là que Pie IX l’appelle pour en faire le premier délégué apostolique au Canada.

Mgr Conroy arrive à Halifax le 22 mai 1877 et se met immédiatement à la tâche. Ses instructions, demeurées secrètes jusqu’en 1881, précisent qu’il doit corriger la division qui existe entre les évêques canadiens « tant au sujet de la question politique qu’au sujet d’autres questions qui s’agitent en ce moment au Canada », telles les questions de l’université Laval, du Programme catholique, et de l’« influence indue ». Il doit faire cesser « l’ingérence trop grande du clergé dans les affaires politiques » et exhorter les évêques à la prudence dans leurs rapports avec l’État. Alors que les ultramontains – des évêques comme Mgrs Ignace Bourget* de Montréal et Louis-François Laflèche* de Trois-Rivières, des laïcs comme François-Xavier-Anselme Trudel* et Joseph-Israël Tarte* – veulent une condamnation définitive des libéraux, Mgr Conroy s’efforce de faire comprendre « que l’Église, en condamnant le libéralisme, n’entend pas frapper tous et chacun des partis politiques, qui par hasard s’appellent libéraux ». Dans ce but, il parcourt tous les diocèses, rencontre le clergé et les personnalités laïques et préside plusieurs réunions des évêques canadiens.

Un des premiers résultats qu’il obtient est la publication, le 11 octobre 1877, d’une lettre pastorale collective qui rappelle les diverses condamnations des doctrines catholico-libérales, mais qui laisse « à la conscience de chacun déjuger, sous le regard de Dieu, quels sont les hommes que ces condamnations peuvent atteindre, quel que soit d’ailleurs le parti politique auquel ils appartiennent ». Bientôt les évêques paraissent plus unis, le clergé est sommé de ne plus s’ingérer dans les questions politiques – il y a cependant quelques accrocs aux élections provinciales de 1878 – et la paix semble revenue entre l’État et l’Église au Canada. Mais tout cela est bien précaire, car les ultramontains, Mgr Jean-Pierre-François Laforce* Langevin en tête, soutiennent que Mgr Conroy a été trompé par les libéraux et qu’il a dangereusement jugulé « l’influence salutaire du clergé ». Et ils se préparent à contre-attaquer. Aussi le vieux Côme-Séraphin Cherrier* n’a pas tort de dire au délégué lors de son départ : « Ne savez-vous pas, Monseigneur, qu’on n’attend que votre départ pour vous désobéir ? »

Mgr Conroy quitte le Canada pour Rome, via Terre-Neuve, en juin 1878. Il laisse le souvenir d’un « caractère élevé et conciliant », d’une prudence évangélique » et d’une sagesse admirable. L’annonce de sa maladie jette la consternation chez ceux qui l’ont connu ; plus grande encore est la surprise quand on apprend sa mort survenue le 4 août. Comme le dit un journal libéral de Québec, l’Événement : « Cette mort est un deuil public et nous touche comme si elle frappait un de nos propres pasteurs. »

Nive Voisine

ASTR, Fonds Louis-François Laflèche.— Mandements des évêques de Québec (Têtu et Gagnon), VI.— Le Journal des Trois-Rivières.— Robert Rumilly, Monseigneur Laflèche et son temps (Montréal, [1945]), 128–146.— Savaète, Voix canadiennes, X.

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Nive Voisine, « CONROY, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/conroy_george_10F.html.

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Auteur de l'article:    Nive Voisine
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    9 oct. 2024