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BROWN, ROBERT, explorateur, botaniste et auteur, né le 23 mars 1842 à Camster, Écosse, fils de Thomas Brown ; en 1875, il épousa Kristiane Augusta Maria Eleonora Rudmose, de Ferslev, Danemark, et ils eurent deux fils ; décédé le 26 octobre 1895 à Streatham (Londres).
Dès sa jeunesse, Robert Brown manifesta son goût pour les voyages. En 1861, à l’âge de 19 ans, il interrompit ses études médicales à la University of Edinburgh, où il avait obtenu un prix en botanique, pour aller à la chasse aux phoques et à la baleine dans l’Arctique. Avec les autres membres du groupe, il visita l’Islande, le Groenland et la baie de Baffin (Territoires du Nord-Ouest), région que de nombreux chasseurs de baleine écossais fréquentaient à cette époque [V. William Penny]. Une autre occasion de voyage s’offrit à Brown lorsque la British Columbia Botanical Association of Edinburgh, le chargea de la cueillette de graines en février 1863.
Brown arriva à Victoria le 6 mai. Sa première expédition le conduisit aux lacs Great Central et Sproat, à l’inlet Alberni et à la baie de Nootka. Il se rendit ensuite dans la péninsule Olympic (Washington), puis remonta le fleuve Fraser. Les Écossais qui le parrainaient étaient mécontents des graines qu’il leur envoya à la suite de ces expéditions ; quant à Brown, il était consterné de voir qu’on le considérait comme un simple cueilleur de graines et non comme un botaniste. Il contraria davantage ses protecteurs lorsqu’il accepta en mai 1864 de participer, à titre de commandant et d’agent gouvernemental, à l’expédition d’exploration de l’île de Vancouver organisée par un comité qui regroupait d’importants hommes d’affaires de Victoria et que subventionnait en partie le gouvernement colonial sous la direction du gouverneur Arthur Edward Kennedy*. Les rapports de Brown avec les membres du comité se compliquèrent cependant lorsqu’il se rendit compte que ces derniers s’intéressaient surtout à découvrir de l’or.
Les membres de l’expédition réussirent à traverser l’île de Vancouver à plusieurs endroits et, dans certains cas, en suivant de nouveaux parcours. À partir du lac Cowichan, Brown descendit la rivière Nitinat jusqu’à Whyac, en suivant un itinéraire semblable à celui qu’avait emprunté Joseph Despard Pemberton en 1857 ; pendant ce temps, un autre groupe prit un chemin plus difficile à partir du lac Cowichan jusqu’à Port San Juan. Brown et quelques autres allèrent ensuite de Comox à Alberni en passant par les lacs Comox et Great Central ; un autre groupe eut la tâche plus difficile de se rendre de Nanaimo à Alberni en passant par les lacs Nanaimo. Du 7 juin au 21 octobre 1864, les membres de l’expédition parcoururent environ 1 200 milles.
La plus grande réussite de l’expédition fut la découverte d’or, en juillet, dans une rivière qu’on nomma en l’honneur de Peter John Leech, le commandant en second du groupe. Le sort voulut que cette trouvaille, qui donna lieu à la fondation de Leechtown, se fasse pendant que Brown, était retourné à Victoria pour tirer au clair ses rapports avec le comité organisateur. Brown attacha d’ailleurs plus d’importance à la découverte de charbon dans une rivière située près de Comox, qui reçut son nom. Même si elle ne présentait aucun attrait immédiat sur le plan commercial, cette mise au jour indiquait qu’il y avait du charbon dans la région.
Toujours insatisfaits des graines que Brown leur envoyait, les Écossais qui le parrainaient n’acquiescèrent pas à sa demande de renouvellement de son contrat de trois ans. Avant son retour, Brown visita le territoire de Washington, l’Oregon, les îles de la Reine-Charlotte et le nord de l’île de Vancouver. Le 2 août 1866, au moment où il s’apprêtait à quitter l’île de Vancouver, le Daily British Colonist and Victoria Chronicle disait de lui que c’était « un homme de valeur, qui [avait] fait plus que quiconque pour explorer [les] régions inconnues [de l’île], dévoiler ses ressources naturelles et attirer l’attention sur [sa] richesse latente ».
Les écrits de Brown sur la côte du Nord-Ouest sont diversifiés. La publication à Victoria, vers 1865, d’un rapport officiel de 27 pages qui décrivait l’itinéraire de l’expédition et fixait les noms de lieux, Vancouver Island ; exploration, 1864, fut suivie en 1869 par « Memoir on the geography of the interior of Vancouver Island », travail diffusé seulement en allemand et pour lequel Brown obtint un doctorat de l’université de Rostock (République démocratique allemande) en 1870. Brown avait aussi prévu d’écrire pour le grand public un compte rendu de son expédition, illustré par l’artiste du groupe, Frederick Whymper*, mais le marché était déjà inondé d’écrits de ce genre. Il publia des articles allant de rapports sur la botanique, l’ornithologie et la géologie de la région qu’il avait visitée jusqu’à de courtes descriptions de la vie dans la colonie. Il rédigea plusieurs textes d’éducation populaire et écrivit un certain nombre d’articles pour Illustrated travels. Il y fait parfois la narration directe de ses voyages ou les transforme en œuvres d’imagination. Ses descriptions de la vie des Indiens comprennent des récits à sensation qui dépeignent des êtres déloyaux et mesquins, mais aussi des comptes rendus sur la mythologie et les coutumes indigènes, tel le potlatch, qui représentent pour l’époque un effort de compréhension exceptionnel.
Robert Brown tenta sans succès d’obtenir la chaire de botanique au Royal College of Science for Ireland en 1868, et à la University of Edinburgh en 1873. À Londres, en 1876, il se joignit au personnel de rédaction de l’Echo, puis en 1879 à celui du Standard, également à Londres. À la fin de sa vie, il donnait l’image d’un homme contraint et déçu. Il se tourna donc avec nostalgie vers ses années de jeunesse passées sur la côte nord-ouest, et il semble approprié que son dernier ouvrage, publié après sa mort, ait été l’édition de Adventures de John Rodgers Jewitt*, dont l’introduction et les commentaires s’inspirent de l’expérience vécue 30 ans plus tôt dans l’île de Vancouver.
Robert Brown est l’auteur des ouvrages didactiques suivants : The countries of the world : being a popular description of the various continents, islands, rivers, seas, and peoples of the globe (6 vol., Londres, [1876–1892]) ; The peoples of the world : being a popular description of the characteristics, condition, and customs of the human family (6 vol. en 3, Londres, 1882) ; et plusieurs articles dans Science for all (5 vol., Londres, [1877–1882]) qu’il a édité. Parmi les textes qu’il a fait paraître dans Illustrated travels ; a record of discovery, geography, and adventure, H. W. Bates, édit. (6 vol., Londres, [1869–1875]), les plus remarquables sont : « The first journey of exploration across Vancouver Island », 1 : 254–255, 274–276, 302–304, 349–351 ; et « In pawn in an Indian village », 3 : 271–275, 338–343, 358–364.
Un exemplaire olographe de l’œuvre inédite de Brown, « Memoir on the geography of the interior of Vancouver Island », est conservé parmi ses papiers aux PABC, Add.
Rigsarkivet (Copenhague), Marriage record, 1875.— Royal Botanic Garden Library (Édimbourg), British Columbia Botanical Assoc. papers, minute-books, accounts, and letters from Robert Brown, 1863–1866.— Scott Polar Research Institute (Cambridge, Angl.),
John Hayman, « BROWN, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brown_robert_12F.html.
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Auteur de l'article: | John Hayman |
Titre de l'article: | BROWN, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |