McDONALD, JOHN, prêtre, propriétaire terrien, colonisateur et administrateur foncier, né en 1796 ou 1797 à Tracadie, Î.-P.-É., troisième fils du capitaine John McDonald et de sa seconde épouse, Margaret Macdonald, décédé le 12 octobre 1874 à Brighton en Angleterre.

John McDonald était issu d’une famille jacobite de l’aristocratie terrienne des Highlands d’Écosse, qui, en 1772, avait envoyé 210 Écossais catholiques dans la partie centrale de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). John McDonald père, qui émigra en 1773, fit bâtir à Tracadie une vaste demeure qu’il appela New Glenalladale et établit les « opprimés » sur sa propriété. En septembre 1813, sa veuve envoya ses fils John et Roderick faire des études au collège de Nicolet dans le Bas-Canada. En 1820, John se rendit en Angleterre et, de là, en France, pour poursuivre ses études. Ordonné à Paris en 1825, il fut le deuxième prêtre catholique originaire de l’Île-du-Prince-Édouard.

La famille se trouvant en proie à des difficultés financières, John fut obligé de solliciter l’aide d’un évêque écossais pour terminer ses études. En retour, il s’engagea à aller en mission à Glasgow aussitôt après son ordination ; il y demeura du reste jusqu’au printemps de 1830. Ce fut alors que l’abbé McDonald partit pour l’Île-du-Prince-Édouard, en compagnie de 206 Écossais et Irlandais qu’il emmenait pour exploiter les terres dont il avait hérité. Il établit les immigrants à Fort Augustus, et s’installa avec sa mère à Tracadie. Prêtre et propriétaire terrien, il administrait aussi des terres pour le compte de son frère Roderick. Ce cumul de fonctions engendra un profond mécontentement parmi les colons de la région qui, pour la plupart, étaient ses paroissiens. De ce fait, il partit bientôt exercer son sacerdoce au Bas-Canada mais, après un bref séjour enterre canadienne, il revint à Tracadie. Vers le milieu de l’année 1835, la reprise des difficultés à Tracadie et l’absence dans la partie est du comté de King d’un prêtre qui parlât le gaélique, amenèrent l’évêque, Bernard Donald MacDonald*, à y envoyer McDonald. Dans les premiers temps, il remporta dans l’exercice de son ministère des succès qu’il n’avait jamais connus auparavant. Cependant, il œuvrait dans une région bien connue pour ses vues radicales au sujet de la confiscation des terres [V. Coles] et il devint évident qu’il était en complet désaccord avec ses paroissiens. La situation fut aggravée par l’attitude que McDonald adopta à l’égard de ses ouailles qu’il « considérait comme ses inférieurs à tous égards », d’après l’historien catholique John C. MacMillan.

En mars 1843, Henry Vere Huntley* fit appel aux troupes pour faire respecter les droits de propriété sur les lots 44 et 45 du domaine Cunard. Lorsque les soldats furent hébergés par l’abbé McDonald, bien des colons pensèrent que sa situation et ses affinités sociales l’avaient incité à favoriser, et peut-être même, à suggérer l’opération. La population locale lui en tint tellement rigueur qu’après une tournée dans le district, l’évêque ordonna à l’abbé McDonald, en septembre 1843, de quitter la région dans un délai d’un mois. Le refus opposé par le prêtre incita ses paroissiens à prendre les choses en main. Le 1er janvier 1844, sous la conduite de leur député John Macintosh*, partisan de la confiscation des terres, ils élirent de nouveaux marguilliers (d’habitude ils étaient nommés par le prêtre) et ils leur ordonnèrent d’aller dire à McDonald « de quitter la paroisse dans un délai de deux semaines ou d’un mois, comme bon leur [les marguilliers] semblerait ». Le dimanche suivant à la messe, McDonald refusa de reconnaître les nouveaux marguilliers ; Macintosh se leva alors en exigeant la parole et ne consentit à se taire que lorsque McDonald se fut agenouillé pour prier. La messe se termina ; l’abbé McDonald se réfugia au presbytère tandis que Macintosh, hors de lui, l’injuriait.

Le prêtre entama des poursuites judiciaires contre le député et prit comme avocats deux hommes politiques tories, Robert Hodgson et Edward Palmer*. Macintosh fut acquitté par un jury. L’évêque, qui s’était opposé aux poursuites judiciaires, ordonna à McDonald de quitter la paroisse. Bien que plusieurs fidèles eussent décidé de boycotter l’église, le prêtre refusa de s’en aller et ne se retira à Tracadie qu’à la fin de 1844, après avoir été suspendu de ses fonctions. À la suite de cette sanction, McDonald qui avait le sentiment que l’évêque et les prêtres des paroisses voisines s’étaient ligués contre lui avec les partisans de la confiscation des terres, décida de ne jamais plus servir dans le diocèse de l’île. Abandonnant les propriétés qu’il avait dans les lots 35 et 36 aux soins d’un agent d’affaires, il alla en 1845 à Québec où il donna pendant quelque temps un cours d’histoire religieuse au séminaire ; il partit ensuite pour l’Angleterre où il exerça son ministère dans plusieurs localités des environs de Londres jusqu’au moment où sa santé se détériora. Il se retira alors dans un monastère de Brighton où il mourut.

L’abbé John McDonald semble avoir été un homme de grand talent. Selon MacMillan, « ce fut un prédicateur exceptionnel » et l’auteur de « quelques ouvrages mineurs dont un livre, contenant un manuel de prières et un abrégé de la doctrine chrétienne, qui connut à une certaine époque une grande diffusion parmi les habitants de l’est du comté de King ». McDonald parlait couramment trois langues : le gaélique, le français et l’anglais. Malgré tout, au cours des années qu’il passa dans sa colonie natale, le milieu social auquel il appartenait, l’esprit de classe qu’il entretenait et l’indifférence qu’il manifestait devant les antagonismes créés par son attitude, l’empêchèrent de mettre à profit toutes ses qualités. Vers le milieu des années 40, John McDonald ne pouvait plus exercer son ministère de façon fructueuse dans l’Île-du-Prince-Édouard, et il se trouvait dans l’obligation d’aller quelque part où son appartenance sociale ne risquerait pas d’entraver l’exercice de son ministère.

Ian Ross Robertson

Archives of the Diocese of Charlottetown (catholique), Bishop Bernard D. MacDonald papers, recueil de lettres de l’évêque MacDonald et de Peter MacIntyre ; copie détériorée d’un volume, publié par le père John McDonald, reproduisant des documents au sujet de ses querelles avec John Macintosh, Mgr MacDonald, et d’autres prêtres (les quatres premières pages manquent, mais le volume fut probablement publié en 1845).— Prince Edward Island, Supreme Court, Estates Division, testament de John McDonald, 14 juin 1872.— Examiner (Charlottetown), 16 nov. 1874.— Islander (Charlottetown), 26 juill., 16 août, 23 août 1844.— Palladium (Charlottetown), 25 juill. 1844.— R. C. Macdonald, Sketches of Highlanders : with an account of their early arrival in North America [...] (Saint-Jean, N.-B., 1843).— The arrival of the first Scottish Catholic emigrants in Prince Edward Island and after, 1772–1922 (Summerside, Î.-P.-É., 1922), 27, 37–40, 50–53, 110.— James Donahoe, Prince Edward Island priests who have labored or are laboring in the sacred ministry outside the Diocese of Charlottetown (St Paul, Minn., 1912), 3, 25–28.— J. C. MacMillan, The early history of the Catholic Church in Prince Edward Island (Québec, 1905), 43s., 151, 189, 193, 208s., 279s., 292s. ; Catholic Church in PEI, 3–5, 10s., 45–52, 308.— John Prebble, The Highland clearances (Londres, 1969), 12–19.— A. F. MacDonald, Captain John MacDonald, « Glenalladale », CCHA Report, 1964, 21–37.— Ada MacLeod, The Glenaladale pioneers, Dal. Rev., XI (1931–1932) 311–324.— J. F. Snell, Sir William Macdonald and his kin, Dal. Rev., XXIII (1943–1944) : 317–330.

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Ian Ross Robertson, « McDONALD, JOHN (mort en 1874) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_john_1874_10F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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