ELLIS, WILLIAM, constructeur de navires, né en 1774 (baptisé le 23 août), probablement à Monkleigh, Angleterre, deuxième fils de Robert Ellis et de Mary Handford ; il se maria en 1796 et eut au moins neuf enfants ; décédé le 25 décembre 1855 à Port Hill, Île-du-Prince-Édouard.

William Ellis était issu d’une famille du nord du Devon qui avait quitté la paroisse côtière de Northam en 1725 pour aller s’établir à Monkleigh, village situé à l’intérieur des terres. Ellis alla travailler sur la côte comme charpentier de navires aux chantiers maritimes de la rivière Bideford ainsi qu’au chantier maritime royal de Devonport (Plymouth). En 1813, il décida de devenir maître charpentier de navires et peut-être aussi de s’associer de quelque façon avec Richard Chapman, constructeur de navires bien connu à cette époque dans le nord du Devon. En 1818, Chapman tomba malade, et John Evans, de Bideford, prit charge du chantier. C’est alors qu’Ellis s’intéressa à une expédition organisée et financée par Thomas Burnard, principal marchand et propriétaire de navires de Bideford. Ce dernier projetait de mettre sur pied un établissement et un chantier maritime sur la rivière Goodwood (rivière Bideford), à l’extrémité est du lot 12 dans le comté de Prince, à l’Île-du-Prince-Édouard. Ellis accepta d’être le maître charpentier du projet et, à l’été de 1818, il fit voile vers l’Île-du-Prince-Édouard à bord du Peter & Sarah, brigantin-polacre de Bideford.

Le Mars, premier navire construit sous la direction d’Ellis, prit la mer en 1819 et mit le cap sur Bideford avec une cargaison de bois de charpente. Au cours des huit années suivantes, on lança annuellement un ou deux navires à New Bideford (Bideford), le plus important étant le Superb, un très gros navire marchand pour l’époque, construit en 1826. Capable de transporter une cargaison d’environ 900 tonneaux, il constituait le chef-d’œuvre du constructeur Ellis. La même année, le chantier maritime et les baux des colons de New Bideford et de Port Hill, sur le lot 13, furent transférés par la famille Burnard à Thomas Burnard Chanter*, fils de la sœur de Thomas Burnard. À son tour, Chanter céda à Ellis le chantier et tous les droits, y compris les sommes considérables dues à l’entreprise par les colons de l’endroit, à la condition, entre autres, qu’Ellis construise deux autres vaisseaux pour Chanter.

Malheureusement pour Ellis, James Yeo*, lui aussi ancien employé de Burnard, s’était fixé à Port Hill et, au bout de quelques années, il avait, semble-t-il, recouvré et gardé les sommes dues à Ellis. Yeo se trouva ainsi à amasser un capital qui lui permit notamment de se tailler une place comme principal constructeur de navires de la colonie. En temps voulu, il fit l’acquisition des terres et des entreprises commerciales d’Ellis, si bien que ce dernier fut réduit à travailler pour Yeo, comme maître charpentier de navires, à la construction de vaisseaux financée par son ancien compagnon de travail. Cependant, Ellis conserva et exploita jusqu’à sa mort une petite ferme située sur le lot 13.

En raison de la façon dont on consignait les noms des constructeurs de navires dans les documents de l’époque, on ne saurait dire avec certitude combien de navires furent construits à l’Île-du-Prince-Édouard sous la direction de William Ellis, mais il y en eut certainement un grand nombre. Ellis appartenait à la lignée des grands artisans et il joua un rôle de premier plan comme pionnier dans la mise sur pied d’une industrie qui allait se révéler d’une importance capitale dans le développement de l’Île-du-Prince-Édouard, de 1818 jusqu’au début des années 1870. La tradition qu’il établit dans la construction maritime, la compétence qu’il inculqua à ses ouvriers et même le drame qu’il vécut en perdant son héritage aux mains d’un Yeo plus dynamique et moins scrupuleux que lui, constituent le souvenir qu’il laissa à la postérité. L’histoire du lent revirement de fortune de ces deux hommes si dissemblables devint une légende vivace dans l’île.

Basil Greenhill

Les registres paroissiaux de l’église St George (Church of England) à Monkleigh, Angleterre, remontent à 1750 et contiennent les actes de baptême, de mariage et de sépulture de la famille Ellis. On peut suivre la carrière de constructeur de navires de William Ellis grâce aux documents conservés dans le Devon Record Office (Exeter, Angl.), Bideford Custom House registration of shipping (3319 s/1), et dans une moindre mesure grâce aux rapports des inspecteurs de la Lloyd du port de Bideford, conservés au National Maritime Museum (Londres), LYY (mfm aux APC). On peut retracer sa carrière de constructeur de navires et de propriétaire foncier à l’Île-du-Prince-Édouard aux PAPEI, Port Hill papers, Acc. 2685 ; RG 16, Land registry records, conveyance reg. ; aux APC, RG 42, sér. 1, 150–159 ; et dans les dossiers du P.E.I. Museum, Charlottetown. La presse de Charlottetown fait plusieurs fois mention d’Ellis, y compris dans des numéros de l’Islander, 1844–1856 ; du Prince Edward Island Register, 1823–1829 ; et de la Royal Gazette, 1830–1844. Sa notice nécrologique parut dans l’Islander, 4 janv. 1856. L’ouvrage de Basil Greenhill et d’Ann Giffard, Westcountrymen in Prince Edward’s Isle : a fragment of the great migration (Newton Abbot, Angl., et [Toronto], 1967 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1975), donne des détails sur sa carrière dans l’île.  [b. g.]

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Basil Greenhill, « ELLIS, WILLIAM (1774-1855) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ellis_william_1774_1855_8F.html.

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Auteur de l'article:    Basil Greenhill
Titre de l'article:    ELLIS, WILLIAM (1774-1855)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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