HISTOIRE
« Le dictionnaire [biographique du Canada] n’a pas seulement pour but de combler une lacune dûment constatée de l’érudition canadienne ; […] il doit égaler et même dépasser des ouvrages analogues publiés ailleurs. »
James Nicholson
Fondation : le legs de James Nicholson
Le Dictionnaire biographique du Canada/Dictionary of Canadian biography (DBC/DCB) a été rendu possible grâce à la générosité d’un négociant de Toronto, feu M. James Nicholson. Capable de voir grand et dévoué au bien public, il laissa, à sa mort en 1952, la majeure partie de ses biens à la University of Toronto pour permettre la publication d’un dictionnaire biographique du Canada qui serait véritablement une œuvre nationale.
Le legs de M. Nicholson compte probablement parmi les plus remarquables à avoir été faits jusqu’à présent au Canada pour la réalisation d’une œuvre littéraire ou historique. La générosité du donateur provient de l’intérêt qu’il manifestait pour l’histoire du Canada et l’histoire de l’Angleterre, intérêt qu’il a toujours témoigné durant une longue vie consacrée à des activités si variées. Né à Liverpool, il était l’aîné des trois fils de M. John Nicholson, de Forton, North Lancashire, en Angleterre. En 1891, alors qu’il était au seuil d’une carrière d’architecte qui s’annonçait pleine de promesses, M. Nicholson vint au Canada. On était alors en pleine crise économique, et il était peu tentant d’essayer d’entreprendre une telle carrière. Il se fit embaucher dans une ferme près de Lindsay, en Ontario. Le travail de la terre ne lui plaisant guère, il se rendit à London au bout d’un an, où il trouva un emploi dans les bureaux de Bart Cottam and Company, importateur et fabricant d’articles d’épicerie. En tête des nombreux produits dont cette maison faisait la publicité figuraient des « graines pour oiseaux ». Ce fut sans doute en travaillant pour la maison Bart Cottam que M. Nicholson décida de se consacrer à la vente de ce produit grâce auquel, au cours du demi-siècle suivant, il allait trouver la récompense de son sens des affaires, ainsi que les moyens de fonder et de doter le dictionnaire biographique du Canada. En 1895, il s’établit à Toronto pour fonder, avec J. W. Brock, la firme Nicholson and Brock, à laquelle il se consacra jusqu’à sa retraite.
Par ses affaires, M. Nicholson resta durant de nombreuses années en relation avec les diverses provinces du pays, et ce fut très probablement en partie à cause de cela que lui vint l’idée d’un dictionnaire biographique du Canada. M. Nicholson apprit le français à une époque où c’était certainement rare pour un homme d’affaires de Toronto. Il semble que l’ardent plaisir avec lequel il consultait le Dictionary of National Biography (qui deviendrait l’Oxford Dictionary of National Biography) ait donné naissance à son initiative.
Nouvelles perspectives
Il est particulièrement intéressant et important de constater que, dès le premier volume, le dictionnaire a été publié en deux éditions, l’une française et l’autre anglaise : le Dictionnaire biographique du Canada par les Presses de l’université Laval et le Dictionary of Canadian Biography par la University of Toronto Press. Ces dispositions étaient tout à fait nouvelles, puisqu’aucun projet semblable de recherche et de publication n’avait été précédemment entrepris au Canada. Dans les premières communications en vue de préparer le dictionnaire, en 1959, on indiquait qu’on accepterait des articles en français ou en anglais, ce qui permettrait de publier une édition française. Un comité consultatif franco-canadien a suggéré de consulter l’université Laval, dont les autorités ont accepté avec enthousiasme d’entreprendre ce travail. L’édition française fut officiellement annoncée à Québec dans la soirée du 10 mars 1961. Depuis, deux équipes préparent le dictionnaire, l’une en français, l’autre en anglais. Le premier volume a été publié dans les deux langues en 1966, sous la direction de George W. Brown, general editor, et de Marcel Trudel, directeur adjoint. En 2001, les deux universités ont signé un accord pour officialiser cette collaboration.
Le passé… et l’avenir
Le projet existe donc depuis une soixantaine d’années. Voilà une réalisation qui mérite d’être saluée. Le changement et la continuité ont constitué un thème dominant dans la vie du projet pendant les premières années du xxie siècle. Rien n’a évoqué la continuité de façon aussi juste que la parution du volume XV (en 2005) en une version imprimée par les Presses de l’université Laval et la University of Toronto Press, selon la pratique héritée de Gutenberg. Rien non plus n’a illustré plus éloquemment le changement que les versions électroniques du DBC/DCB. D’abord, à titre de projet pour souligner le passage au nouveau millénaire, un CD-ROM des volumes I à XIV a été produit et donné à chaque école secondaire, cégep, collège, université et bibliothèque publique du Canada, ainsi qu’à certaines bibliothèques universitaires dans le monde en 2000. L’année suivante, le ministère fédéral du Patrimoine canadien, en collaboration avec Bibliothèque et Archives Canada, proposa aux deux universités de créer une version en ligne du DBC/DCB. En 2003, les textes des 14 volumes publiés, de même que certaines biographies additionnelles, dont celles de 12 personnages importants morts après 1930, ont été mis en ligne par l’intermédiaire de Bibliothèque et Archives Canada ; les usagers n’ont jamais eu à payer les frais normalement exigés pour la consultation en ligne d’ouvrages de référence de cette envergure. Les biographies du volume XV ont été graduellement ajoutées, avant et après la publication de l’ouvrage imprimé. Le personnel du DBC/DCB est particulièrement heureux d’avoir pu rendre accessibles à des milliers de lecteurs dans le monde les résultats du travail de centaines d’érudits canadiens, professionnels et non professionnels.
Au Canada et à l’étranger, le DBC/DCB est considéré comme un « chef d’œuvre ». Il a reçu de nombreux prix, dont le Prix d’histoire du gouverneur général pour les médias populaires (prix Pierre-Berton) en 2012. Au fil des ans, le DBC/DCB a bénéficié du soutien financier de particuliers et d’organismes, à titre privé et public. En 2011, notamment, le ministère du Patrimoine canadien s’est engagé, en vertu d’un accord de contribution, à lui fournir une aide financière pendant trois ans.
Dans l’introduction du volume XV, Réal Bélanger et Ramsay Cook, respectivement directeur général adjoint et general editor, ont écrit : « Nous avons le sentiment d’avoir encore une fois rempli le mandat que nous a confié l’instigateur de notre projet, et notre premier bienfaiteur, M. James Nicholson, qui déclarait : “ Le dictionnaire [biographique du Canada] n’a pas seulement pour but de combler une lacune dûment constatée de l’érudition canadienne ; […] il doit égaler et même dépasser des ouvrages analogues publiés ailleurs.” Encore une fois, nous avons atteint cet objectif. » Ceci est une devise, et une norme, qui subsistera parmi tous les changements.
Dans le DBC/DCB en ligne figurent aujourd’hui près de 9 000 biographies : le contenu de la version imprimée des volumes I à XV, qui décrivent la vie de personnages morts entre l’an 1000 et l’an 1930 ou dont la dernière date d’activité connue se situe dans cette période, ainsi que des biographies de voyageurs dont les activités auraient eu lieu avant l’an 1000 (saint Brendan (Bréanainn), Eirikr Thorvaldsson (Érik le Rouge) et Herjólfsson Bjarni), et plus de 400 personnages décédés après 1930. (Il s’y trouve même l’histoire d’un personnage légendaire, Peter Kerrivan !) Veuillez consulter la liste ci-dessous pour connaître la période de décès ou de dernière activité connue couverte par chaque volume.
En septembre 2011, le DBC/DCB a pris l’entière responsabilité de la version en ligne, qui n’est plus hébergée par Bibliothèque et Archives Canada. Cette nouvelle orientation constitue un grand défi, mais offre également de merveilleuses possibilités, telles que le lancement hebdomadaire d’une biographie, la plupart du temps tirée du volume en cours de production, soit le volume XVI. Pour en consulter la liste, cliquez, dans le volet latéral, sur « Nouvelles biographies ». Les lecteurs du DBC/DCB, les habitués comme les nouveaux, sont invités à découvrir cette nouvelle version en ligne qui, à sa manière, rend hommage à l’histoire du Canada et à ceux qui la créent.
Volume I : 1000–1700
Volume II : 1701–1740
Volume III : 1741–1770
Volume IV : 1771–1800
Volume V : 1801–1820
Volume VI : 1821–1835
Volume VII : 1836–1850
Volume VIII : 1851–1860
Volume IX : 1861–1870
Volume X : 1871–1880
Volume XI : 1881–1890
Volume XII : 1891–1900
Volume XIII : 1901–1910
Volume XIV : 1911–1920
Volume XV : 1921–1931
Volume XVI : 1931–1940 (en cours de production ; quelques centaines de biographies sont en ligne)
Volume XVII : 1941–1950 (quelques biographies sont en ligne)
Volume XVIII : 1951–1960 (quelques biographies sont en ligne)
Volume XIX : 1961–1970 (quelques biographies sont en ligne)
Volume XX : 1971–1980 (quelques biographies sont en ligne)
Volume XXI : 1981–1990 (quelques biographies sont en ligne)
Volume XXII : 1991–2000 (quelques biographies sont en ligne)